Comme titrés avec des citations des poètes, Rilke, Char, Bonnefoy ou du peintre Pierre Soulage, le livre en cinq parties rassemble des poèmes écrits sur des tableaux de Michel Verdet.  En introduction et faisant suite à deux vers d’Alain Borne dont l’un i

 parution d'un recueil de poésie aux éditions Unicité

"Cendre lissée de vent" d’Irène Duboeuf,  huiles de Michel Verdet

 mai 2017

 

Comme titrés avec des citations des poètes, Rilke, Char, Bonnefoy ou du peintre Pierre Soulage, le livre en cinq parties rassemble des poèmes écrits sur des tableaux de Michel Verdet.

 

En introduction et faisant suite à deux vers d’Alain Borne dont l’un inspira le titre du livre, une prose use largement du champ lexical du mot feu. Un texte emporté comme éclairé passionnément, nerveux et tendu de cette transmutation des matières, ces pigments que le peintre dépose sur la toile en espérant « le dénuement de l’énigme ». Peut-être cette énigme de la vie, que la poète comme le peintre souhaitent approcher par l’art.

 

Cinq huiles abstraites innervent les sensations d’Irène Duboeuf, avec leurs bleus parfois contrariés par des lumières furtives ou des outremers sombres jouxtant le noir. On imagine des ciels avec cette couleur que l’auteur affectionne et qui l’absorbe entière dans ses méditations poétiques.

 

«  Reliefs incandescents emprisonnant nos yeux / Dans le silence des abîmes. »

 

D’où vient cette attraction qu’opèrent sur l'auteure les bleus de ces tableaux ?  De quelles réminiscences sont-ils porteurs ? Celles peut-être de l’enfance avec ses horizons d’avenirs qui furent prometteurs et qui renaissent ici.

 

«  Les jours couraient devant nous. / Nous étions immortels. » 

 

Le poème fait parfois entendre une prosodie familière dans les contrées de l’alexandrin. Et avec lui renaît le rythme rassurant de l’enfance. Les tableaux font jaillir des paysages. L’eau se confond avec le ciel, les fleurs colorent les jardins, l’été règne dans ses embrasements… 

 

« Les cyprès alignés signent à l’encre noire / La lumière du couchant »

 

Ces paysages sont-ils ceux de l’enfance dont l'auteure voudrait retrouver les traces ?

 

« On  pourrait presque croire à l’aube d’un premier jour » 

 

Dans la proximité abstraite des tableaux, c’est à une pérégrination mélancolique et onirique à laquelle Irène Duboeuf nous convie.  Et contre l’implacable course du temps,

 

« Et l’horizon n’est plus que cette vigne vierge / Où vient se réfugier le pourpre des crépuscules /… »

 

le cheminement mène alors à ce paradis perdu de l’enfance. Ce monde qui fut bien réel et qui renaît ici dans la couleur mystérieuse du bleu.

 

 

Hervé Martin